Mercredi 25 août 2010 à 2:19

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Mardi 28 octobre 2008. Je suis assis sur mon lit et il pleut dans notre appartement. Comme à chaque fois qu'il pleut, je suis triste et morose - à moins que ce ne soit l'inverse, je ne sais plus vraiment. Et Anna est partie, me laissant seul avec ce temps affreux.

Anna est partie parce que, ici, il pleut et que, dehors, il fait beau, alors pourquoi rester ? Même Patrick Poivre d'Arvor a l'air beaucoup moins sérieux au travers des grosses gouttes qui me bouchent la vue. Tiens ! Il pleut sur la Bourse. Anna a même pris soin d'enlever sa veste avant de partir : c'est dire qu'ailleurs, il ne pleut pas.

Je me rappelle qu'il y a encore quelques minutes, lorsque j'ai ouvert la porte de l'appartement, il y faisait grand soleil, et j'ai peur même d'ajouter que les oiseaux y chantaient : cela fait mauvais poète. Cependant, quand j'ai poussé la porte de la chambre et que j'ai vu qu'Anna était déjà partie, le plafond s'est assombri, l'eau a envahi l'espace, les oiseaux de la tapisserie se sont tus et moi, je me suis assis sur mon lit. Mais ca ne l'intéresse pas beaucoup, Poivre d'Arvor, de savoir qu'il pleut dans mon appartement.

Je n'y vois pas à deux mètres tellement il fait sombre et tellement il pleut fort, juste assez loin pour attraper une feuille, un stylo et un Prozak sur ma table de chevet. C'est pas facile d'écrire sous la pluie : mon papier prend l'eau. Anna a fait tomber une chaise en partant et celle-ci flotte déjà sur la flaque salée qui s'est formée.

Je ne sais pas si mon assurance rembourse pour la pluie dans l'appartement. De toute façon, je n'ai pas d'assurance. C'est Anna qui avait l'assurance, mais, quand on part comme elle l'a fait, on emporte l'assurance.

Est-ce qu'elle y a pensé dès le premier noeud à l'assurance, celui autour de la poutre apparente ? Est-ce qu'elle a pensé aux oiseaux ou à Poivre d'Arvor quand elle a glissé son cou dans la boucle ? En tous cas, je crois que pour elle aussi il pleuvait à ce moment là, c'est pour ça qu'elle a renversé la chaise.

A travers les gouttes de pluie qui mouillent mon regard, je vois son visage et c'est cela qui me rend le plus triste. Car depuis mon lit naufragé, j'aperçois son cadavre en berne qui sourit, heureux d'être parti loin de la pluie.

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Mercredi 25 août 2010 à 2:34

 Nuage tu craches déjà sur nous !
Je sens tes gouttes me baver dans le cou.
Tu as chassé à grands vents celui qui brillait,
Laissant place au froid.
Lui, nous ronge les doigts.

Les feuilles tombent, mortes.
Une boule au coin de mon ventre,
Adieu Nature sauvage.
Et mon coeur se serre sans que j'ai prononçé,
L'été est
passé.

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